Les secrétaires médicales ne sont pas toujours super disponibles. Imaginez une sorte de shiva avec un malheureux cerveau trop petit pour gérer à la fois le téléphone, les patients, les médecins, les dossiers, tout cela en même temps. Alors quand le patient qui a attendu dix minutes son tour d'accéder au sacro-saint bureau de la secrétaire arrive, il n'est pas prêt à laisser sa place.Du coup il squatte.

Ce qui donne en pratique :

Le patient remplit le fameux et désormais célèbre questionnaire incompréhensible. Il pose des questions sur tout ce qui lui est demandé, même ce qui ne le concerne pas. On y passe déjà un certain temps.

Ensuite, trouver une date qui convient; Il ergotte, change d'horaire, change de jour, et revient à la première proposition après en avoir testé trois ou quatre. Le téléphone sonne, à ce stade on est imperméable, on laisse sonner. 

Ensuite, on lui explique ce qu'il faut faire avant son examen. Il fait répéter trois fois, alors même qu'on lui a surligné en rose bonbon toutes les choses importantes à ne pas oublier. Il va pour partir, on a la main sur le téléphonne qui hurle depuis quinze minutes, il se retourne pour une dernière question. On se force à sourire, et se forcer n'est pas un vain mot.

Le soupir de soulagement quand il a enfin passé la porte n'échappe pas aux patients qui attendent sagement en salle d'attente; En général, ils poussent le même, surtout ceux qui attendaient derrière !

E-pui-sant !

Les médecins savent a priori mieux qu'une simple secrétaire tatillonne si ils sont aptes à passer une IRM. Sauf quand ils ont commencé leur carrière dans la première moitié du siècle. Celui d'avant. Ce qui donne :

- Bonjour, j'ai besoin d'un rendez-vous d'IRM en urgence pour mon dos.

Pas s'il vous plaît, pas de de si c'est possible, pas de je souffre le martyr... nous, forcément, on tergiverse. Les rendez-vous d'IRM vont de trois semaines à six mois selon les régions. La mienne est chanceuse, on est vers les trois semaines. Sauf qu'on a un système ant -rendez-vous mal donnés qui consiste à faire remplir un questionnaire aux patients et à reclamer leur ordonnance. Je lui demande donc de me fournir tout cela par fax (croyant, dans ma grande naïveté, qu'il était toujours en exercice). Que nenni ! Il se met donc à râler qu'il est médecin, qu'il est un ancien pratiquant de la clinique, que je me débrouille. Qu'à cela ne tienne, j'empoigne un questionnaire et vais pour le lui faire remplir au téléphone. Première question :

- avez-vous un Pace-Maker ?

Réponse : oui....

J'ai pensé très très fort : merci de venir vous suicider chez nous !

En pratique je lui ai rappelé que s'il y a une contre-indication absolue à l'IRM c'est bien le pace-maker (bien qu'aujourd'hui certains soient compatibles, avec des manipultions compliquées). Merci docteur, au revoir docteur, je vous passe le scanner !

Il m'avait bien énervée celui-là...

J'avais oublié cet inestimable :

Le spacemaker !

- Bonjour, je voudrais une chorégraphie tyrolienne !

Je vais suggérer à mon docteur les échos thyroïdiennes en tenue traditionnelle alpine....

- Bonjour, j'ai besoin d'un rendez-vous pour une IRM de l'omelette.

Il s'agissait de l'omoplate, mais ça à dû demander une enquête pour comprendre...

Avec la variante : l''IRM capillaire (pour scapulaire....)

- Je voudrais faire une mammographie de l'utérus...

A quand la couillographie chère à Anne Roumanof ?

- Bonjour, je voudrais passer un orthopornogramme

Encore plus drôle car demandé par une bonne soeur....

- Bonjour, je dois passer une radio du pénis lombaire

J'en reste sans commentaire.

Merci à la collègue pour sa collection personnelle !

Préparer un compte-rendu pour un patient qui habite loin ou pour une urgence tient parfois du parcours du combattant.

Etape 1 : le médecin arrive dans ses petits souliers pour le demander. En effet, vous êtes au téléphone et il y a trois patients devant vous qui attendent que vous ayez le temps de vous occuper d'eux.

Etape 2 : quinze minutes après vous avez expédié vos rendez-vous et enregistré les patients, vous attaquez le compte-rendu.

Etape 3 : le patient qui attend son compte-rendu profite de l'accalmie pour voir où ça en est. La réponse tente de rester dans les limites de la diplomatie : "je m'y mets dès que j'ai une minute de tranquilité". On commence à montrer les dents.

Etape 4 : le médecin revient à la charge : " vous avez vu que je vous ai donné un compte-rendu en immédiat ?" OUI DOCTEUR, je m'en occupe dès que j'ai le temps ! (l'envie de mordre gagne du terrain).

Etape 5 : le téléphone sonne, des patients arrivent.... Vous tentez de rester zen tout en surveillant du coin de l'oeil le patient qui soupire bruyamment tout en attendant ses résultats.

Etape 6 : ENFIN ! le compte-rendu est tapé. Vous allez le faire signer au médecin, qui vous retient encore dix minutes pour vous raconter ses dernières vacances (ou les dents du petit dernier, ou un potin quelconque). Vous tentez de vous esquiver, mais il tient le compte-rendu d'une main ferme et ne vous le rendra que lorsqu'il aura terminé.

Etape 7 : Le compte-rendu est signé.

    Version soft : le patient se répand en remerciements : vous n'avez pas galéré pour rien.

    Version trash : le patient est parti, c'était trop long, vous lui enverrez par la poste. Envie de meurtre à son paroxysme.

"Bonjour, je voudrais un rdv d'échographie pelvienne pour ma thyroïde."

Soit elle a un goitre hyper-plongeant, soit un utérus qui remonte bien trop haut !!!!!....

"Bonjour, je voudrais un rendez-vous pour une radio pornographique dentaire" !!!

On va supposer qu'il s'agit d'un panoramique dentaire....

Merci pour les anecdotes !

Connaissez-vous la pensée magique ? C'est cette merveilleuse faculté qu'ont certaines personnes d'imaginer que l'on SAIT à leur place un tas de choses et qu'elles n'ont donc qu'à se présenter les mains dans les poches. On sait déjà tout.

Ce qui donne, en pratique :

Après avoir récupéré l'ordonnance, fait le dossier pour l'examen, on demande : vous avez les résultats de votre prise de sang ?

Un grand silence s'installe.

Nous : vous avez FAIT votre prise de sang ? (léger filet de désespoir dans la voix).

- Oui oui, assure le patient (l'espoir renaît).

- Et les résultats sont... ?

-Ah mais je ne savais pas qu'il fallait les ramener.

Vous voulez donc dire qu'on vous a demandé de faire une prise de sang JUSTE pour vous embêter ?

En fait, on dit : Ah mais nous en avons besoin... A quel labo êtes-vous allé, qu'on les appelle ?

Temps perdu : trop.

Variante :

- Vous avez ramené vos anciens examens ?

- Oui, ils sont dans la voiture....

Là, en général, je ne bouge pas, je ne dis rien, je plaque un sourire idiot sur ma figure et j'attends.

- Vous voulez que j'aille les chercher ?( sont pas stupides, ils comprennent tous seuls la plupart du temps).

- S'il vous plaît....

La fois d'après, en général ils y pensent....

Spéciale dédicace à Dann, qui trouvait que ça manquait de sexe ici...

Alors Madame Truchose, fringante sexagénaire, toute de dentelle vêtue, arrive en salle d'écho dans un body noir. Déjà, la tenue est pas top pour une écho pelvienne. Le médecin est prévenu qu'il a une "sexy mamy" en salle.

Il ressort cinq minutes après, rouge comme une pivoine. Et nous raconte :

- J'ai fais l'écho, normalement, et quand je lui ai dit que c'était terminé elle m'a demandé : "mais vous ne faites pas la pénétration ?"

Voilà, voilà, comment dire....

Il a été chambré toute la journée par de facétieuses secrétaires qui lui ont fait remarqué que, d'une part, il y allait de notre réputation, d'autre part, il aurait pu faire un petit effort et que ça coutaît pas grand-chose de faire plaisir.... Et que "quand on ne fait pas la pénétration, et bien on se taît" dès qu'il faisait une remarque.

NB : Il existe des sondes en échographie afin de faire des échos "endovaginales", pour mieux voir l'appareil gynéco. Mais on en a pas toujours besoin. Cela dépend de ce que l'on cherche et de la corpulence de ces dames.

Tous les professionnels de santé le savent : les médecins écrivent mal. Très mal. Et les patients en souffrent, surtout quand une secrétaire sadique mais professionnelle leur demande de déchiffrer l'indéchiffrable au téléphone. Ca donne des choses du genre :

- Euh c'est très mal écrit, je comprends rien.

Cf anecdote précédente sur Sherlock Marple-Poirot : on mène l'enquête.

Déjà, circonscrire la zone : Tête, torse, abdomen, membres.

- Vous avez mal où ?

- C'est pour les dents.

- Ah, c'est votre dentiste qui vous envoie ?

- Oui… Je lis or….

- Orthopantomogramme?

- Oui ! Comment vous avez deviné ?

Je m'appelle Irma, je vis dans une roulotte…. Plus sérieusement :

- C'est une radio que les dentistes demandent fréquemment….

Autre solution, quand vraiment c'est indémerdable :

- Vous habitez loin ?

Si non : Passez nous voir, qu'on vous donne rendez-vous pour le bon examen….

Si oui : vous avez un pharmacien sympa qui pourrait déchiffrer ? Non ? Appelez votre médecin pour la traduction alors….

Des fois, on a l'ordonnance dans les mains, et on distingue une sorte d'encéphalogramme quasiment plat avec un vague pic au milieu, genre je ne suis pas tout à fait mort….

- Docteeeuuuuurrrr, vous lisez quoi là ?

C'est fou, ils y arrivent toujours. Ca doit être un langage secret qu'ils apprennent le soir au cours de cérémonies spéciales, durant leur loooongues études…. Chapeau bas, Messieurs-Dames !

- Bonjour, j'ai rendez-vous pour passer une radio.

- Bonjour, avez-vous votre ordonnance  s'il vous plaît ?

Regard éberlué  :

- Ben non, je vous l'ai amenée quand j'ai pris rendez-vous (ou je vous l'ai lue au téléphone), alors je ne l'ai pas ramenée…

Logique. Super simple de faire un diagnostic quand on ne sait pas ce qu'on cherche.

- Vous savez, souvent les médecins notent des détails sur l'ordonnance qui aident le radiologue ou qui orientent l'examen… C'est une radio de quoi ?

- Ben je sais pas…..

Restons zen… coup d'œil au planning qui dit juste : Echo abdominale. La région n'est pas immense mais ça reste assez vague.

- Vous ne savez pas pourquoi vous venez passer un examen ? Vous avez mal où ??

Les réponses varient. Des fois, on arrive à démêler l'affaire. Des fois, on laisse le médecin se débrouiller, il est plus apte que nous à gérer ce genre de chose. Des fois, le patient est un habitué, on s'en sort…

Certains cabinets refusent de faire l'examen sans ordonnance, et ils ont RAISON. Mais hélas pas tous, et si on devait refuser tous les patients qui l'oublient on aurait une émeute quotidienne en salle d'attente. Il reste heureusement le recours suprême : appeler le médecin prescripteur pour avoir des détails ! Et se faire faxer l'ordonnance dans la foulée.

Temps perdu : 100%.

Dans une ville universitaire viennent des jeunes gens du monde entier.

C'est ainsi qu'un charmant canadien d'une trentaine d'années s'est retrouvé à passer un scanner du coude, alors qu'il arrivait depuis peu entamer des cours en France et faire de l'escalade.

Comment est-il arrivé là ? En roulant de nuit à vélo sur un … lapin.

Venir de si loin pour chuter si bêtement et ruiner sa saison d'escalade…