Affolement

08/05/2013 07:34
Les hommes sont douillets. Les femmes sont angoissées. Poncif ? pas tant que ça....
Avant-hier, au téléphone, une mamie appelle pour prendre rendez-vous pour une IRM du genou. Les délais se sont considérablement allongés après une saison de ski interminable et des accidents à la pelle. Donc drame.
- Comment ? trois semaines de délais ? Mais ce n'est pas possible ! (sanglots).
Là, on recadre de suite sinon on en a pour une heure de larmoiements insupportables (enfin personnellement je ne supporte pas les gens qui pleurnichent, enfants compris).
- Alors c'est pour un GENOU, madame, on voit des choses beaucoup plus graves (comme ce patient, une heure avant, qui avait été admis en urgence en neuro au chu), il faut re-la-ti-vi-ser ! Vous pouvez faire la demande directement sur notre site pour gagner du temps ?
Autres sanglots. Pas d'internet, pas de voiture pour venir. Je lui envoie la demande par courrier.
Et hier, de bonne humeur car ayant deux jours de congés à venir, j'accueille tout sourire un couple de personnes âgées.
- Ah ça fait plaisir d'être accueillis avec le sourire ! c'est pas comme hier au téléphone !
Rétro-pédalage. HIer, c'était moi et la même collègue. Pour l'instant, ça ne m'évoque rien. Je biaise.
- Hier nous étions particulièrement débordées, c'est plus calme aujourd'hui. Vous avez rendez-vous ?
- Non on vient prendre un rendez-vous, on n'a pas de voiture mais comme on était en ville...
Ah, pas de voiture ! Je situe de suite.Le genou super urgent qui allait mourrriiiiir.
- Ah oui c'était moi hier, effectivement  !
Non, je ne m'excuse pas. Jamais quand il s'agit de mes conditions de travail merdiques où on est débordées les 3/4 du temps. Seulement pour des erreurs que j'aurais pu éviter. Ce qui n'est pas le cas ici.
Je donne le rendez-vous. Patiente ravie, part avec un rendez-vous dans trois semaines, mais contente. Me félicite pour ma bonne humeur.
- Ca compensera pour hier ! A bientôt !
 
Hier soir, 18h30, planning bouclés, une marge de sécurité de deux plages pour des urgences après les deux jours feriés. Mon patron débarque.
- Alors vous prenez la plage de vendredi pour un genou.
- Pardon ???? pour un QUOI ?
- C'est un sportif de haut niveau, il doit partir.
- Elle est où l'urgence ? je râle, mais pas le choix, je m'exécute. Le sportif arrive pour remplir le questionnaire. Charmant au demeurant. Mais tout de même, je lui demande pourquoi c'est si urgent ce genou avant de partir.
- Parce que 'jai un hématome et que je connais quelqu'un qui est mort à cause de ça en prenant l'avion.
Mon air éberlué ne lui a pas échappé.
- Et c'est quoi votre sport ?
- Boxe Thaï.
Ah ouais. On dirait pas que c'est si fragile ces petites choses. Je n'ai pas vérifié si on pouvait mourir d'un truc comme ça. Tout est possible après tout. Puis, il faut bien que les poncifs se voient confirmés de temps à autres, sinon ce n'en seraient pas !